top of page
Photo du rédacteurCéline Wagner

Dernière mise à jour : 28 mai 2019

Le 08 / 07 / 2016


La schizophrénie à travers Zürn, une intellectuelle, artiste passionnée de psychanalyse, à l'instar des surréalistes en leur temps et sans doute à cause de ses propres troubles, amène à penser autrement le rapport au réel, à s'interroger sur l'engouement de ces personnalités pour la psychanalyse. Ces artistes ont, pour beaucoup, vécu les deux guerres ; pour certains, ils se sont engagés sur le front, ont été brisés pour leurs idées politiques et déçus par les représentants de leur parti. Alors, la psychanalyse a fait office de dernier recours dans l'espoir de retrouver une authenticité perdue, une confiance intacte dans l'avenir de l’art. A cette époque la psychanalyse côtoyait des artistes en état de dépression, de désillusion, de désœuvrement, confrontés à l’exil et/ou au suicide.


Le 09 / 07 / 2016


Je m’interroge sur l’engouement des artistes pour cette science, et sur l’art lui-même qui n'a pas questionné une psychiatrie qui a créé de toutes pièces un art des fous. Au contraire, les artistes savants s’en sont saisi comme d’une voie par laquelle retrouver une impulsion vers la création pure, comme si en pleine effervescence du surréalisme, l'art officiel était déjà malade...


Le 11 / 07 / 2016


La mort imaginée comme miracle chez Unica Zürn. Quel est la nature de ce miracle ? Que cache la notion de merveille derrière la mort et celle de mort sous la merveille ? Vouloir mourrir pour ne plus souffrir n'est pas une piste suffisante, car à l'idée d'éblouissement se substituerait celle de délivrance... Unica répète à plusieurs reprises qu’elle se sent inutile, voire illégitime ; qu’elle ne mérite pas la qualité de son entourage, qu’elle ne peut rien donner aux êtres qu’elle admire, qu’elle aime, en échange de leur amitié et de leur prévenance. Sa culpabilité est immense en même temps qu’elle se sent poussée en avant vers un destin, un irrépressible appel. Elle ne peut pas se résoudre à la banalité du quotidien, la simplicité de la vie des Hommes qui se répète à l’infini, jour après jour, pour tout le monde... L'idée qu’un mystérieux engrenage ait mis au point une vie aussi complexe, variée ; qu'il ait permis d'éprouver des émotions si fortes, des amours si grands dans un monde aussi plat, lui est insupportable, du moins incompréhensible ; en tout cas invivable. Tout ça pour ça : cette idée la ronge et la détruit en plus de la honte de ne pouvoir la supporter comme la plupart des gens, de l'intégrer à sa vie, ne serait-ce que pour trouver la force d'élever ses enfants... Comment accepter la trivialité de l'existence et la supporter quand on rêve d'absolu et de merveilles ? Il y a forcément autre chose, un mystère caché, un secret, un trésor à trouver comme le savent les enfants quand ils explorent au peigne fin un coin de jardin ou de forêt. Alors, la mort serait ce miracle caché que la grande machine du temps nous offre après avoir relever le défit, stupide et ennuyeux à mourir de la vie...


Le 18 / 07 / 2016


Bateson propose de comprendre la schizophrénie par les fondements mêmes du langage, en mettant en lumière les forces contradictoires qui agissent en nous (Schismogenèse). Il étudie sous cet angle la communication entre une mère et son enfant, non pour juger la mère, prise comme tout le monde entre des forces contradictoires, mais pour observer le processus d’adaptation que l’enfant va mettre en œuvre. Bateson appelle ce phénomène La double contrainte. Cette communication entre l'enfant et sa mère est la première stratégie verbale et comportementale qu'un individu va expérimenter dans le monde extérieur.


Le 20 / 07 / 2016


L’enfant sent que les sentiments de sa mère ne vont pas avec ce qu’elle énonce. Par exemple, elle dit avec une exaspération évidente : « Vas te coucher ! Ou tu seras fatigué demain » alors que l'enfant entend : « Laisse-moi tranquille maintenant ! ». L’enfant va s’adapter à cette communication. Bateson appelle cette adaptation la double contrainte car, en effet, quelque soit sa stratégie, l’enfant sera perdant : s’il tente de conquérir l’amour maternelle il sera rejeté car trop présent, et s'il se rebelle, par exemple en quittant la maison, la mère sera blessée et tentera de le ramener vers elle, conjurant ainsi une forme de culpabilité : «Tu veux m’abandonner ? Tu trouves que je suis une mauvaise mère ? »


Le 24 / 07 / 2016


Dans l’organisation de notre société, il est nécessaire de maintenir le schizophrène à l’état de dépendance, de veiller à ce qu’il ne quitte pas le circuit classique : maison-hôpital-prison-hôpital-maison. Ce circuit fermé nous semble normal, bien qu’il soit largement dénoncé dans le secteur psychiatrique. Les malades eux-mêmes, au bout de dizaines d’années de traitements, constatent qu’ils demeurent écartés de la machine sociale et maintenus dans le réseau de l’hôpital ; ils doivent continuer de pointer, être sous la surveillance de la médecine et sous la vigilance de leurs proches. Nous sommes de plus en plus adaptés à cette logique du contrôle qui s’étend, au delà du domaine de la maladie et de la folie, à l’ensemble de la population. Le bénéfice est l’illusion de pouvoir prémunir les dérives de la normalité : si nous acceptons le contrôle pour nous-même, nous sommes prêts à cautionner qu’il soit redoublé auprès des psychotiques, des marginaux, des étrangers…


Le 25 / 07 / 2016


« En fait, il semble que le comité a été influencé par le type de questions que les administrateurs posent d’habitude aux anthropologues : « Est-ce une bonne chose d’employer la force dans les contacts culturels ? « » ou « Comment faire accepter tel trait culturel à tel groupe ethnique ? »etc. C’est bien comme réponse à ce type de questions que, dans la définition du contact culturel, on insiste surtout sur la différence culturelle entre groupes et sur les changements qui en résultent ; des dichotomies, comme celles entre « éléments imposés et éléments reçus volontairement par un peuple », peuvent être considérées comme symptomatiques de cette façon de penser en termes administratifs. »


Grégory Bateson, Vers une écologie de l’esprit, Contact culturel et schismogenèse


Le 01 / 08 / 2016


Nous avons coutume de penser que le travail des artistes contribue à dénoncer ces mécanismes et à nous affranchir, de manière collective, de cet engrenage, mais ce n'est que l'une des grandes utopies de notre époque.

La création de l’Art Brut par Jean Dubuffet dans les années 1920/1940 montre que cette révolte n'existe pas : ce sont les artistes eux-mêmes qui ont isolé un art inculte d’un art savant.


Le 05 / 08 / 2016


Dissocier la volonté d’être un artiste de l'indifférence d'en être un est une création d’élites. De même que rendre hommage aux productions des internés en leur accordant une place dans les musées, en leur offrant un nom et un genre, est encore une façon de créer une marginalité, autour d'un art officiel qui n’a plus de légitimité.


Le 08 / 08 / 2016


Le personnage d’Unica Zürn témoigne de la façon dont les artistes ont subit ce broyage et de quelle façon, malgré eux, ils y ont contribué. Comme beaucoup d’entre nous, ils s’en sont remis à la médecine, sans questionner le statut que la société leur donnait.

La folie de ces artistes continue d’alimenter les récits de leur vie, elle donne une plus value, marchande et morale, à leurs œuvres. Admirer des œuvres dites brutes, dans les expositions privées des hôpitaux psychiatriques, est-il différent que de visiter, au XVIIIème siècle, les lieux d’internements le dimanche pour y voir, comme à la foire, les visages de la folie ? Même si cela passe par le souci d’une reconnaissance à leur égard.

Intégrer ces mêmes œuvres dans les musées n’est-il pas gratifier l’art officiel d’un certain humanisme ? Cet art, qui à la façon d’un système politique sans scrupules, est passé maître dans l’exclusion et la récupération. Il y a quelque chose de terriblement gênant pour un artiste, de consentir à appartenir à ce système autant que d’en être exclu, comme s’il était le péage incontournable de l’expression.

La thérapie par l’art : Mettre à disposition des internés les moyens de dessiner et de peindre, réserver une place à des activités autres que le travail ; la modernité est d’avoir cessé, quelques heures par semaine, de vouloir rendre un fou utile et moral.


Le 15 / 08 / 2016


La légende, lucrative, de la passion artistique qui entraîne la folie ou la mort est une fascination morbide pour les gens incapables d'imaginer que l'on peut tout sacrifier à son intuition profonde ; ce n’est pas l’expression qui nous perd ou qui tue, ce sont ses lois de l’exclusion et les mécanismes de sa pérennité.


Le 16 / 08 / 2016


La folie ou la déraison sont singées par les artistes professionnels.


Le 17 / 08 / 2016


L'artiste qui s'enorgueillit de se démarquer des profanes ; qui se sent honoré d’être accepté dans les milieux réservés à l'expression, est un interné volontaire.


Le 18 / 08 / 2016


Le talent n’est rien d’autre que la capacité d'expression au plus profond de l’isolement.


Le 19 / 08 / 2016


Bateson, avec son retour aux fondements du langage, fait appel à la matière première des poètes.

Unica Zürn a imbriqué sa psychose et la construction de son œuvre, je ne connais pas d’autre témoignage de cette nature.


Le 22 / 08 / 2016


Comment construire une narration avec un système de pensée construit dans l’enfance ?


Le 23 / 08 / 2016


Une schizophrénie considérée comme œuvre de l’esprit...


Le 24 / 08 / 2016


Zürn et Bateson étaient contemporains, j’ignore s’ils connaissaient leurs œuvres mutuelles.

On ne peut pas continuer de qualifier Unica Zürn de malade mentale (comme la désigne pourtant le sous titre de son livre phare, l’Homme Jasmin) ou comme une artiste surréaliste. Elle a produit une œuvre unique en son genre qui anéantit toutes les frontières entre l’œuvre et la folie. Même quand l’auteur surpasse ce qu’on attend de lui, nous échouons à le sortir d'une définition collective.


Le 25 / 08 / 2016


Le refus d’Unica d’abandonner ses croyances qui la conduisaient inévitablement à l’hôpital psychiatrique, le regard peu flatteur qu’elle portait sur elle-même au vu des conséquences de ses actes, le statut de folle qu’elle acceptait, relève de la notion de choix et d'obstination plus que de déraison.


Le 27 / 08 / 2016


Saisir la pensée de quelqu’un à travers son œuvre c’est un peu apercevoir une silhouette au loin : on ne sait pas si elle approche ou si elle s’en va. Elle oscille entre des traits qui se précisent et des flous... Lisant, relisant les livres de Zürn, je comprends que cette distance me sera toujours imposée. Reproduire son personnage au fil des pages est l’inverse d’une répétition, mais une tentative, chaque fois renouvelée, d’approcher une chimère.


Le 03 / 09 / 2016


Trouvé des textes intéressants de Georges Perec, Jean-Pierre Chevrier, un film de Catherine Binet autour d’Unica Zürn.


Le 04 / 09 / 2016


A l’inverse de Camille Claudel ou Séraphine de Senlis, Unica Zürn s’est racontée, coupant court à toute forme de fantasme à son sujet.


Le 05 / 09 / 2016


De nombreuses thèses ancrent le personnage d’Unica dans sa liaison avec Hans Bellmer, en font une femme dans l’ombre d’un artiste. Bellmer aurait participé à pousser Unica dans l’abîme. C’est un postulat simpliste et injuste. Moi-même, pensant lui rendre hommage, j'ai voulu parler d’Unica en dehors du groupe surréaliste et de sa relation avec Bellmer, mais c'était une erreur ; les gens qui ont peuplé sa vie dessinent également son portrait. Bellmer à largement contribué à faire connaître l'œuvre de Zürn, il a veillé à ce qu’elle soit internée dans les meilleures conditions, qu’elle reçoive des visites, qu’elle ait de quoi dessiner durant ses longs séjours à l'hôpital psychiatrique... Sans Bellmer, l’œuvre d’Unica Zürn serait demeurée dans l'ombre.



Photo du rédacteurCéline Wagner

Dernière mise à jour : 28 mai 2019

Ces notes ont été rassemblées après que le point final ait été porté à La trahison du réel. En accord avec l'éditeur, La Boîte à Bulles, nous avons souhaité en publier des extraits en annexe du livre et ainsi étoffer certains passages susceptibles d'enrichir la réflexion sur l'œuvre de Zürn et, plus généralement, sur un art que l'on dit naïf ou brut. Pour ma part, je tiens ces genres artistiques pour des fabrications issue d'un art officiel qui n'a plus de légitimité. Devant une œuvre, nous n'avons pas besoin de connaître l'état psychologique de l'artiste ; d'autant que ce regard est systématiquement porté de l'extérieur par un art savant, en bonne santé car lucratif, et que les artistes bruts inspirent ; parce qu'ils sont en dehors de ce système, il est insupportable aux ingénieurs de l'art de voir des gens se mettre à l'œuvre avec une inspiration intarissable et une singularité évidente que tout artiste en herbe rêverait d'acquérir à l'école... Ces notes, publiées ici dans leur intégralité, ont été d'abord consignées sous la forme d'un journal...


Le 02 / 02 / 2016


Le roman graphique est le lieu de l’expérimentation narrative. La trahison du réel articule une masse de documentation, de textes, de photos d’archives avec la peinture ; cette dernière ne saurait être illustrative. Quant au texte, il n’a pas d’avantage pour rôle d’être illustré. Dés lors, comment construire une narration ? Travailler sur Unica Zürn nécessite d’expérimenter un autre rapport à la peinture, au récit, au vécu, et surtout, à la notion d'histoire...


Le 03 / 02 /2016


Je ne veux pas insérer de photos d'Unica, utiliser ses dessins et ses poèmes ; sans doute, et même si cela était nécessaire, je n’en aurais pas le droit à moins d’effectuer des démarches qui me répugnent ; mais au delà de ces formalités, mon problème est de reconstituer sa présence par un processus créatif qu’elle a expérimenté et que je peux, tout au plus, interpréter sans comprendre. Je ne cherche pas à raconter Unica Zürn mais à en faire l'expérience.


Le 05 / 02 / 2016


Mon projet ne s’amorce pas par l'écriture ou la construction d’un récit, mais bel et bien d’un portrait ; qui vise une expérimentation pure. Eprouver la liberté de créer, se défaire du cadre et de la synthèse ; observer le papier envahit par l’eau, regarder se dilater des tâches de couleurs, des lignes virer au flou ; ne pas accorder de valeur au doute, provoquer l’accident, intégrer les ratés ; accepter l’isolement, se remettre en selle chaque matin, avec une inspiration fraîche, malgré l’énorme ingratitude de la réalité… Tout cela fait partie de l’expérience Zürn, plus que le récit de sa vie.


Le 06 / 02 / 2016


Unica Zürn ne se raconte pas comme un tout, elle n'a pas écrit son histoire mais une diversité de fragments qui témoignent, de façon concrète, de l'impact de son imaginaire sur sa condition physique.

Le 12 / 02 / 2016


Je me suis détournée du livre et de la bande dessinée à la recherche d’une source d’inspiration toute autre. Je veux oublier l’objet fini, car il n’a pas de réalité.


Le 27 / 02 / 2016


Départ pour Hauterives, visiter le Palais Idéal.


Le 29 / 02 / 2016


Ce texte est publié dans l'album. Je rapporte ici un message adressé à Vincent Henry le 27 février 2019, car il en résume bien l'esprit.


Cher Vincent,

Notre conversation de tout à l'heure m'a fait réfléchir... Du coup je reviens sur ce que je tentais de te dire, maladroitement au volant, à propos de Cheval. Comme tu l'as compris, il est important de mettre ces artistes en rapport. Ces artistes qui, à première vue, n’ont rien de commun, hormis d’être qualifiés de « bruts » ou de « naïfs » : Unica Zürn, femme cultivée, écrivain, issue d’un milieu bourgeois... et Cheval, homme paysan, enfant sans instruction, adulte illettré... Ce rapprochement nous dit que l'œuvre d'une vie n’est jamais « naïve », pas plus qu’elle n’est issue de « l’inconscient », elle n’est pas « sans culture » ; l’illettrisme est une connaissance du monde et Cheval s'en est saisi comme Zürn s'est saisi de la schizophrénie. 

La résidence que je fais actuellement fait étrangement écho à cette histoire...

Je le résume ici avec toi car j’ai conscience d'être un peu "abrupte" dans mes constructions ; je ne soigne pas trop mes « dénivelés » et le lecteur peut parfois être pris de cours, sans doute.

Je t'embrasse,

Céline


Quand le passant rêveur

Contemple cette enceinte

Où ton labeur superbe

A vaincu le néant

Il cherche je ne sais qu’elle

Effrayante empreinte

Où puisse s’étaler une main de géant.

Car c’est ta récompense, ô Sculpteur gigantesque !

D’avoir réaliser ton rêve surhumain

Va, tu peux bien graver ton nom à chaque fresque

Hier c’était le labeur,

C’est la gloire demain !

Ecrit sur le Palais Idéal du facteur Cheval


Le 30 / 02 / 2016


« Dans le lieu même de la souffrance et de l’idée fixe, on introduit

une exaltation telle, une si magnifique violence, unies au martèlement des mots, que le mal progressivement dissous est remplacé par une boule aérienne et démoniaque – état merveilleux ! »

Henri Michaux – Epreuves, exorcismes, Gallimard


Le 20 / 05 / 2016


Le portrait est associé à la ressemblance, cependant, travailler d’après une photographie revient à faire le portrait d’un portrait, et ne présente pas beaucoup d’intérêt. Le portrait se fait d’après nature mais il est avant tout une dynamique, il ne peut pas se terminer, il se travaille tant que l'on cherche la vie dans le sujet ; c’est une exploration des mouvements intérieurs d'une âme et non des contours d'une figure, la recherche d’une compréhension des forces qui traversent un visage. L’attitude du corps est très rarement naturelle et il revient souvent au peintre de la déterminer.


Le 30 / 05 / 2016


Au fil de mes travaux j’ai appris à faire avec les manques et les lacunes, et si cet exercice m'a d'abord beaucoup angoissé, aujourd'hui il me plait particulièrement. Dans le cas de Zürn, je veux contourner son visage, si fascinant pourtant, pour éparpiller les signes qu’elle a laissé et tenter de reconstituer un ensemble qui porterait son nom. Seuls ses livres et ses dessins me renseignent sur elle.


Le 17 / 06 / 2016


Le personnage prend forme. Il gravite autour d’un noyau, un point de départ qui aurait pu être de toute nature : écrits, dessins, objets, adresses, correspondances, témoignages…

La folie d’Unica ne pourra être qu’une construction, l'auteur ne peut pas cerner et raconter une schizophrénie, la seule réalité que nous donne à voir Unica est l'imbrication concrète des signes qu’elle reçoit, de ses angoisses, de ses délires et de son époque.


Le 18 / 06 / 2016


« On ne délire pas sa petite histoire personnelle, on délire le monde. » Gilles Deleuze, ABCDaire


Le 19 / 06 / 2016


Ce portrait d’Unica Zürn est comme tous les autres, il n’est pas l’image d’un personnage isolé mais celui d’un monde, d’un espace- temps qui ne s’arrête ni aux dates d’Unica, ni à l’Allemagne nazie, ni à l’histoire de la schizophrénie, ni au surréalisme…


Le 24 / 06 / 2016


Je traverse une énième phase de doute. Les mêmes qui reviennent à chaque écriture d'un livre : où trouver le courage de tenir le cap, sans légitimité, de me camper depuis un point de vue et de n’en plus bouger, au risque de me tromper ? Aborder la schizophrénie en marge de la maladie, dans sa sensibilité, aux prises avec des réalités sociales et politiques… Qui suis-je pour parler de personnages que je n'ai pas connus, d'une époque que je n'ai pas connue, d'une pensée que j'ai peut-être simplement saisie par affect ?


Le 27 / 06 / 2016


Faire vivre Unica, imaginer un visage et un corps d’après son œuvre.


Le 01 / 07 / 2016


Atteindre à la ressemblance de case en case est d’un ennui mortel. Ce n’est pas ma problématique, des taches de couleur suffisent à donner des repères au lecteur. En revanche, la recherche de l’expression, au risque de s’éloigner du dessin précédent, inscrit le sujet dans la peinture et l’enracine dans un corps, autrement dit dans une réalité dramatique et non plus une narration visuelle et immédiate. Le texte est là pour amener un contexte à la peinture ; l’Histoire devient le support subjectif du portrait


Le 05 / 07 / 2016


La folie interroge la philosophie depuis presque trois siècles. La schizophrénie est relativement récente, elle a un peu plus de cent ans. Au cours des soixante dernières années, le taux de schizophrènes dans la population n’a pas baissé, alors qu’on ne cesse de parler des progrès de la psychiatrie...


Photo du rédacteurCéline Wagner

Pouvons-nous faire confiance aux médias? Ce sont ces médias qui ont demandé que mes collègues et moi-même soyons assassinés, rendus inaudibles, dénoncés et poursuivis pour espionnage pour nos publications et participation à l’affaire Snowden.

Noam Chomsky dans « The Common Good » a écrit que « la façon intelligente de garder les gens passifs et obéissants est de limiter strictement le spectre des opinions acceptables, mais de permettre un débat très animé au sein d'une partie étroite de ce spectre ».

Nous vivons dans une « médiaocratie », ce qui est politiquement possible est défini par l'environnement médiatique.

J'ai commencé Wikileaks parce que j’ai compris cette réalité, le cadre médiatique définit la possibilité politique. Aussi, pour apporter un changement significatif, nous devons élargir le cadre médiatique.

Avec Wikileaks, nous avons obtenu d’importants succès dans certains domaines, mais il reste encore beaucoup à faire.

Le plus grand contributeur à l’expansion de nos horizons, c’est vous. Vous dites à vos amis ce qui se passe, ce que vous avez vu, ce que vous croyez, et ce que vous pensez être des mensonges.

Cela contraste avec ce qui apparaît dans la presse australienne, pour elle-même et pour le monde.

Vous faites partie de la plus grande machine de détection de conneries que le monde n’ait jamais vue.

C'est pourquoi Wikileaks bénéficie d'un tel soutien de la part des personnes exposées à Internet. C'est pourquoi nous bénéficions d'un tel soutien de la part de cette génération, car vous êtes mieux informé. C'est la génération la mieux éduquée de l'histoire du monde.


Maintenir Julian fort :



Traduction Céline Wagner

Source ici



bottom of page